Témoignage de Sébastien

"Je veux rendre la pareille"
Le 1er janvier 1994, sébastien perd le contrôle de sa voiture et se retrouve dans le fossé après avoir fauché 7 sapins d'au moins 5 mètres de haut.

 

La violence du choc est telle qu’il sera éjecté par le toit ouvrant de sa voiture. L’accident s’est produit sur une route nationale très fréquentée, les secours seront rapides. Entre la vie et la mort, il sera transporté à l’hôpital.

Le bilan est impressionnant : traumatisme crânien, épaule enfoncée, poumon et foie touchés, colonne vertébrale cassée, moelle épinière semi-sectionnée qui ne permettra plus aux jambes de fonctionner à tout jamais.

Après 27 jours de coma, Sébastien refait surface, mais il faudra attendre 9 mois pour sortir de l’hôpital et partir dans un centre de rééducation. Il y passera 24 mois, car il faut réapprendre à écrire, réapprendre à faire fonctionner la mémoire. "Ca débloquait complètement", explique Sébastien. Un jour, ma tante me rend visite ; je lui dis : "Bonjour Grand-Mère ; ça va ? oui, je regarde la télé ! En fait, je regardais la lumière au plafond !"

Durant toute cette période, mes parents m’ont beaucoup soutenu et progressivement la vie a repris le dessus.

Depuis l’accident, 3 ans se sont écoulés. Sébastien est maintenant de retour chez lui, mais il commence à trouver le temps long. Au bout d’une année, il n’en peut plus, l’ennui l’envahit. Il décide alors de prendre rendez-vous avec le médecin de la sécurité sociale pour trouver une solution. "J’ai 25 ans, je ne vais pas attendre jusqu’à la retraite sans rien faire".

 

Inapte au travail

Sébastien est inapte au travail pour le restant de ces jours. C'est le verdict prononcé par le médecin de la sécurité sociale. Sébastien n'acceptera pas ce verdict. Il décide alors de revenir à la charge et demande un nouveau rendez-vous. Devant sa détermination, le médecin conseil accepte que Sébastien engage des démarches auprès de la COTOREP. Aidé par une assistante sociale, il obtiendra après une longue bagarre, un stage de préorientation qu'il effectuera à l'ESRP de Sablé durant 3 mois. Il termine en y voyant plus clair sur son avenir: se mettre au service des autres. "J'étais boucher/charcutier et pour moi le contact avec la clientèle c'est important. Deux pistes s'ouvrent à moi : la lunetterie ou la vente. J'ai passé longtemps en centre de rééducation et je voulais rendre "la pareille". Pour cela une remise à niveau scolaire était nécessaire". L'ESRP de LADAPT près du Mans l'accueille pour 6 mois.

 

Le stage de Fontenailles

Puis c'est l'entrée à l'ESRP de Fontenailles. Il y restera 14 mois. Que de souvenirs ! 

"Je dois beaucoup à ma formatrice "Marie Pierre", mais aussi à tous les autres : Philippe pour l'informatique, Elisabeth pour le français, Guy pour les maths… Je pense aussi aux personnels des différents services, la cuisine, l'hébergement etc...  Avec les stagiaires de ma section, que de bons souvenirs également, avec les autres stagiaires aussi, que d'occasions de se soutenir mutuellement, de s'encourager dans les moments de déprime... J'avais 27 ans quand j'ai obtenu mon diplôme. Ce jour la, j'ai relevé un challenge, j'ai tiré une croix sur mon handicap, je n'étais plus un handicapé, la page était tournée. Maintenant je vis comme tout le monde, peut être mieux, même. Quand on a un diplôme et que l'on peut exercer un métier ; on retrouve sa place dans la société. Si non, on n'est rien. Depuis 2 ans, je travaille à la SOMAC, une filiale de RENAULT ; spécialisée dans l'aménagement de véhicules pour handicapés. Quand je rencontre un nouveau client, je lui dis : je vous vends d'abord un service, et ensuite un produit. C'est comme ça que je donne un sens à mon métier. J'ai deux rêves : le 1er faire de nouvelles études pour être capable de manager une équipe commerciale ; le 2e faire de la plongée sous marine, je vais m'inscrire à "Handiplonge-Eure" une association de mon département. C'est bien parti pour que ce dernier projet se réalise très vite".